charm the sun, enchant the dragon. (camber)

Il y a de ces ruelles, sombres, étroites, sinueuses, que l'on ne connaît pas même après des années à avoir déambuler sur ces trottoirs. Des coins qui, quand on les découvre, font l'effet d'une nouvelle contrée, d'un nouveau territoire, d'une nouvelle planète, comme des explorateurs perdus. Végétation différente, minerais étranges, faune nouvelle, choses inconnues. Et c'est exactement le sentiment qu'a Camille lorsque sa main se pose sur la poignée et qu'il la pousse, tout en douceur, vers l'intérieur du bâtiment. Oui, aussi étrange de cela puisse paraître, on peut tout-à-fait avoir ce genre d'impression face à l'inconnu. Même quand le tout s'apparente grandement à un bar avec bien moins de m² que la plupart de ses condisciples, et bien plus intimiste que tout ce qu'il a pu voir jusque lors. Pourtant posté sur l'avenue, son regard n'est jamais tombé dessus. Peut-il même appeler ça un bar ? Non, définitivement pas. Et le souvenir d'une conversation avec sa mère traverse son esprit, l'éclaire d'un trait de lucidité avant de repartir aussi sec. “ Café ” murmure-t-il du bout des lèvres, en proie à une petite excitation non prévue. Lorsqu'il avait proposé à Camber de le rejoindre ici pour passer un petit moment ensemble, entre amis, il avait une vague idée dudit endroit. Certes, il avait supposé ambiance tamisée, douce musique chantante dans les airs, petites tables isolées les unes des autres ... Mais certainement pas cette quasi réplique d'un parfait café venant tout droit d'Europe. Il s'avance à l'intérieur, saluant au passage un serveur avec un sourire qui fait ressortir toutes ses dents et s'installe vers le fond de la petite salle.

Presque impatient, il sort son portable, pianote un peu dessus avant de tomber sur ce qu'il cherche : drague une fille avec des phrases ringardes. Son sourire s'agrandit encore plus alors qu'il regarde tout autour de lui, encore surpris de l'apparence de ce café. Autant dire tout de suite que ça va participer encore plus à son petit défi. Ne dit-on pas que la France est le pays le plus romantique de tous ? L'influence du lieu vient définitivement de là-bas, Camille en est sûr. Déposant son portable face contre table, il croise les jambes et fait tomber son menton dans sa paume, dans une mimique presque parfaite de l'amant attendant la belle. Sa belle. Leur amitié avait déjà été éprouvée, et il ne fait aucun cas de ce qu'il va faire, au contraire même. Il sait qu'avec Camber, tout se passera bien — tout dépend bien sûr de la définition que l'on a. Et lorsqu'il entend ce petit bruit de clochette tinter, voit la porte s'ouvrir sur une jeune femme qu'il connaît bien, se lève en agitant vivement le bras pour attirer son attention en criant “ Camber ! Par là ! ”, se rend de l'autre côté de la table pour tirer la chaise sur laquelle elle s’assoira avec un “ Assieds-toi là ! ”, il n'arrive pas à empêcher ce sourire, mi-espiègle mi-mutin, de s'élargir encore plus. Ça risque d'être drôle, pense t-il tout en essayant de contrôler son rictus pour le rendre moins suspect. Parce que tout va l'être.


désolée pour cette entrée en matière pas terrible.